Situé dans le désert de l’Arizona, à quelques kilomètres seulement de la base Davis-Monthan et de son célèbre cimetière d’avions de l’US Air Force, le Pima Air & Space Museum est l’un des plus vastes musées aéronautiques au monde. Ouvert en 1976, il a grandi de façon spectaculaire au fil des décennies pour devenir une véritable référence internationale. Dès ses débuts, son ambition était claire : préserver et présenter l’histoire de l’aviation militaire, civile et spatiale à travers une collection d’ampleur inédite. Aujourd’hui, ce sont près de 400 appareils exposés sur plus de 80 acres de terrain, auxquels s’ajoutent six grands hangars climatisés (enfin, ventilés tout du moins), qui accueillent les visiteurs dans un voyage hors du commun.

Des légendes militaires par dizaines
Dès les premiers pas dans le musée, le visiteur est impressionné par la densité et la diversité des avions militaires exposés. Qu’il s’agisse des chasseurs supersoniques comme le F-14 Tomcat, le F-4 Phantom II ou le mythique SR-71 Blackbird.






On trouve également des bombardiers imposants tels que le B-52 Stratofortress, chaque machine raconte une époque et un pan de stratégie militaire. Le musée présente également des appareils moins connus, mais tout aussi fascinants, qui illustrent les évolutions technologiques de la Guerre froide et des conflits modernes.




La nouveauté la plus marquante est sans doute l’ouverture récente d’un hangar entièrement consacré au Boeing B-17 Flying Fortress. Cet espace permet de découvrir dans des conditions idéales l’histoire de ce bombardier emblématique de la Seconde Guerre mondiale, dont les équipages ont marqué l’histoire aérienne de leur courage et de leur endurance. La scénographie met en valeur non seulement l’avion lui-même, mais aussi la dimension humaine des missions effectuées à bord, rendant l’hommage d’autant plus poignant.

Hélicoptères et voilures tournantes
Le Pima n’oublie pas l’importance des hélicoptères dans l’histoire aéronautique. Une section entière leur est consacrée, avec des modèles allant du légendaire Bell UH-1 Huey, symbole de la guerre du Vietnam, jusqu’à des machines plus imposantes comme le CH-53 Sea Stallion.





On peut également admirer le AH-1 Cobra, premier hélicoptère d’attaque conçu pour l’US Army, ainsi que des modèles de transport et de sauvetage qui illustrent la polyvalence des voilures tournantes. Cette diversité témoigne du rôle crucial joué par les hélicoptères dans les opérations militaires comme dans les missions humanitaires ou civiles.

Un détour par la France : le chauvinisme bien placé
Au milieu de cette incroyable collection américaine, le visiteur français ne peut cacher un sourire en découvrant une section dédiée aux avions venus de l’Hexagone. On retrouve ainsi un Mirage III RS, fier représentant de l’aviation de reconnaissance, un Fouga Magister à la silhouette élégante et indissociable de la formation de plusieurs générations de pilotes, mais aussi un Dassault Étendard et un Alpha Jet, rappelant la coopération franco-allemande. Ces machines, loin de leur sol natal, brillent au soleil de l’Arizona et offrent une petite dose de chauvinisme bienvenue. C’est une émotion particulière que de croiser ces avions familiers dans un musée à l’autre bout du monde, preuve supplémentaire de l’universalité de la passion aéronautique.
Les chasseurs de la Seconde Guerre mondiale
Impossible de parler du Pima sans évoquer les chasseurs de la Seconde Guerre mondiale, dont la collection fait vibrer le cœur de tout passionné. Le visiteur peut ainsi admirer un Grumman TBF Avenger, imposant avion torpilleur qui a joué un rôle décisif dans les batailles navales du Pacifique, réputé pour sa robustesse et son efficacité en mission. À ses côtés, un Curtiss P-40 Warhawk, reconnaissable à sa gueule de requin peinte sur le nez, rappelle les combats des “Flying Tigers” en Chine. Le musée expose également un Bell P-39 Airacobra, au cockpit avancé et à l’armement concentré dans son nez, qui se distingua particulièrement sur le front de l’Est aux mains des pilotes soviétiques. Enfin, un Vought F4U Corsair, à l’aile en forme de mouette inversée, illustre l’histoire du Pacifique et reste l’un des chasseurs embarqués les plus emblématiques. Ces machines, magnifiquement restaurées, ne sont pas de simples carcasses d’aluminium : elles incarnent une époque où la supériorité aérienne se gagnait dans des combats rapprochés, au prix d’un courage inouï.




Des géants civils hors norme
La section civile est tout aussi impressionnante et réserve son lot de raretés. Parmi elles, le visiteur est immanquablement attiré par le gigantesque Martin JRM Philippine Mars, le plus grand hydravion encore existant au monde. Construit pendant la Seconde Guerre mondiale, cet avion est un véritable mastodonte qui témoigne de l’ingéniosité des ingénieurs de l’époque. À ses côtés, on trouve également le Boeing 747 SOFIA (Stratospheric Observatory for Infrared Astronomy), un avion transformé en observatoire astronomique volant, fruit d’une collaboration entre la NASA et le DLR allemand. Sa présence souligne parfaitement le lien entre aviation et recherche scientifique.








Mais la collection civile du Pima ne s’arrête pas là. On peut admirer des avions de ligne emblématiques, comme le Douglas DC-10 de Martinair, qui illustre l’essor du transport long-courrier, ou encore des avions d’essai et de recherche qui témoignent des évolutions technologiques du secteur. Chaque appareil est accompagné d’explications qui permettent de comprendre son rôle dans l’histoire du transport aérien.
La tête dans les étoiles
Enfin, le Pima consacre une part importante de ses galeries à l’espace et à l’observation du ciel. On y découvre des satellites, des capsules spatiales et des fusées qui racontent l’aventure humaine de la conquête spatiale.

Des maquettes grandeur nature permettent de se plonger dans l’univers des missions Apollo et des programmes modernes, tandis que des expositions interactives sensibilisent le public aux défis de l’astronomie contemporaine. Cette section est particulièrement appréciée des familles et des passionnés de sciences, car elle relie directement l’aviation à son prolongement naturel : l’exploration de l’espace.




Un musée à vivre en immersion
Ce qui frappe au Pima, au-delà des collections elles-mêmes, c’est la démesure du lieu. On passe en quelques heures des avions de chasse aux hydravions géants, des hélicoptères aux engins spatiaux, des bombardiers historiques aux prototypes futuristes. Chaque allée réserve une surprise, chaque hangar une découverte.









Un immense bravo doit être adressé aux équipes du musée, dont le travail de préservation et de mise en valeur est remarquable. Grâce à eux, chaque appareil conserve son authenticité et son histoire, dans une scénographie accessible et passionnante.
Mais attention : le Pima Air & Space Museum ne se visite pas à la légère. Pour en profiter pleinement, il faut prévoir au minimum six heures de visite. Et pour les passionnés, une journée entière n’est pas de trop pour explorer en détail ce temple de l’aéronautique et de l’espace.