MARINE NATIONALE : 20 ANS AVEC LE RAFALE

Fleuron de notre industrie aéronautique, le Rafale Marine est livré à l’Aéronavale à partir du milieu de l’année 2001. C’est la flottille 12F qui aura l’honneur d’être réactivée pour recevoir les premiers Rafale M au standard F1. La 12F sera dès 2001 sur le porte-avions Charles de Gaulle. Après 3 ans de tests et de mises au point, la flottille 12F sera déclarée opérationnelle. La flottille 11F recevra quant à elle des Rafale M au standard F3 pour remplacer les Super Etendard en 2011; la 17F profitera du Rafale à partir de 2016.

Les Rafale M et Super Etendard Marine ont volé ensemble jusqu’en 2016, année où le SEM a été retiré du service.

Le nombre total de Rafale Marine fabriqué est de 48 avions : chaque flottille a 12 exemplaires opérationnels ; le reste est placé en réserve pour test ou pour pièce. A noter que la Marine a perdu 4 avions lors d’exercices depuis 2001.

Les avions sont basés sur la Base Aéronavale de Landivisiau, quand le porte-avions n’est pas en mission avec des Rafale à son bord.

Caractéristiques :

L’avion est à aile delta et plans canard, à commandes électriques ; il est équipé d’un radar à balayage électronique RBE2 et de deux moteurs SNECMA M88. Pour la supériorité aérienne, il utilise des missiles air-air et un canon de 30mm. Pour le bombardement tactique, il utilise des bombes guidées laser, des missiles de croisière, des missiles antinavires et en bombardement stratégique un missile nucléaire.

Envergure : 10.9 m

Longueur : 15.3 m

Hauteur : 5.5 m

Vitesse maxi : 1.8 mach

Plafond : 50 000 pieds

Poids à vide : 10 200 kg

Poids maxi : 20 000 kg

Vitesse ascensionnelle : 18 290 m/min

Evolutions :

– Standard F1 (2001) : capacité air/air MICA.

– Standard F2 (2006) : passage à une activité multirôle avec la capacité air/sol supplémentaire.

– Standard F3 (2008) : capacité nucléaire avec le missile ASMP-A, aptitude à l’attaque de navire avec missile AM39 Exocet, reconnaissance avec la nacelle AREOS.

– Standard F3R (2018) : Emport de missile air/air METEOR. Radar plus robuste pour la guerre électronique, intégration de la bombe GBU guidée laser

– Standard F4 (encore en cours de développement) : connectivité améliorée pour le combat en réseau (communication avec satellite, serveur, patrouille)

Différences visibles entre le Rafale Marine et celui de l’Armée de l’Air et de l’Espace :

– La principale caractéristique qui différencie le Rafale M du Rafale C/B de l’Armée de l’Air est le train avant. Celui du Rafale M est plus robuste pour supporter les appontages et catapultages : il y a une barre de catapultage intégrée et un amortisseur spécifique. Le système lumineux d’atterrissage est aussi différent : sur le Rafale Air, il y a deux phares d’atterrissage, sur celui de la marine il y a un phare et un bloc regroupant 3 lampes de couleurs pour informer de l’incidence à l’officier apponteur. Lié à la configuration du train et à la cinématique, la trappe est donc différente .

– Le Marquage : comme le Port-Salut c’est marqué dessus, on peut donc lire « MARINE » sur le fuselage et une ancre de marine est sur la cocarde.
– La crosse d’appontage renforcée qui rend possible de se poser sur 70m en attrapant l’un des 3 brins du pont du porte avions ( pour une distance de 450m sur un aéroport ).
– Le Rafale Marine a des anneaux pour fixer l’avion au pont d’envol.
– La configuration emport de charge est différente pour faciliter le catapultage et l’appontage, et aussi du fait d’une trappe de train avant différente : 13 points d’emports pour le Rafale Marine, un de plus pour le Rafale C.
– Echelle intégrée pour l’accès au cockpit.

Etapes importantes et spécifiques au Rafale Marine : le catapultage et l’appontage.

N’étant pas à décollage vertical et le porte-avions Charles de Gaulle n’ayant pas de rampe incliné, le Rafale Marine a besoin d’une catapulte pour décoller du porte-avions.

Pour le catapultage, il y a tout un protocole quasiment automatisé. Le pilote fait rouler l’avion jusqu’au sabot. La barre de traction fixée sur le train s’accroche au sabot de la catapulte pour propulser en 75m l’avion dans les airs, de 0 à 240 km/h en 3 secondes. La séquence de catapultage est très précise. Un brin à casser est placé, par du personnel de bord, sur une partie de la catapulte et fixé à l’arrière du train. Ce brin à casser appelé « hold back », taré à 35 tonnes, retient le train avant et ne cédera qu’à la pression voulu pour libérer l’avion. Les réacteurs M88 sont poussés à fond, un déflecteur de jets est relevé. La catapulte est déclenchée aux ordre de l’officier de lancement. La pression de la catapulte est à son maximum et projette l’avion à une force précise, si bien que le brin à casser se brise et lâche l’avion qui se retrouve entrainé par le sabot de la catapulte. L’amortisseur restitue l’énergie soumise lors de l’effort de traction et entraine un mouvement vertical supplémentaire à l’avion. La cadence de catapultage peut monter à 20 avions en 12 minutes.

Après le catapultage, l’amortisseur est reconfiguré automatiquement pour avoir le meilleur amortissement possible lors de l’appontage.

L’appontage est une phase critique pour le pilote et fait l’objet de qualification très poussée. Les entrainements à l’appontage se font essentiellement sur la BAN de Landivisiau ( une phase d’apprentissage se fait au Etats Unis ). Il faut avoir en tête qu’il faut poser un avion lourd et rapide sur un navire en déplacement avec des mouvements de tangage et de roulis. La surface de posé est minime, il ne peut donc pas y avoir une approche classique avec un arrondi, là il faut poser dur. L’avion sera ralenti par l’un des trois brins d’arrêt. Si aucun n’est accroché, l’avion doit pouvoir repartir, c’est pourquoi lors de l’impact sur le pont, le pilote doit effectuer une remise de gaz. Les freins hydrauliques des brins d’arrêts sont réglés pour absorber ce supplément de poussée. L’arrêt de l’avion est brutal et il est freiné sur une distance de 70m. Toutes ces étapes sont suivies par un officier d’appontage qui est là pour guider ou refuser le posé de l’avion.


Les missions de ce chasseur omnirôle :

– sécurité de l’espace aérien : le Rafale M participe à la surveillance du territoire tout au long de l’année.

– pénétration et attaque au sol par tous les temps et à divers endroit du globe. Le porte avion permet de projeter le Rafale M n’importe où dans le monde.

– capacité de ravitailleur avec la nacelle NARANG.

– reconnaissance avec des nacelles photos.

– dissuasion nucléaire avec la possibilité d’emporter une bombe nucléaire ASMP.

Engagements du Rafale Marine

Les Rafale Marine ont participé à des missions d’appuis aériens rapprochés en Afghanistan à partir de mars 2007, effectuant le premier largage réel de bombes par cet avion quelques jours plus tard. En 2011, participation à l’opération Harmattan en Lybie. L’année 2015, voit l’intervention du porte-avions Charles De Gaulle dans le Golfe Persique pour participer à différentes missions contre l’état islamique en Irak.

La Marine participe à beaucoup d’exercices internationaux et montre ainsi le savoir faire des pilotes de l’Aéronavale et les qualités du Rafale M.

Avec toutes ces interventions, le Rafale a su montrer son efficacité et après bien des années, les ventes à l’étranger se multiplient : Egypte, Qatar, Inde, Grèce, Croatie et pour finir cette année par une vente record de 80 Rafale aux Emirats. Prochainement le Rafale Marine devrait s’exercer sur un porte-avions indien avec la spécificité du sky jump de leur porte-avions ( rampe inclinée permettant le décollage sans catapulte ).

Lieux et occasions de voir des Rafale Marine :

Sur la base aéronautique de Landivisiau lors de leurs entrainements et aussi lorsque cette base organise un meeting ou accueille le NATO Tiger meet. Pour ce dernier, la Flottille 11F, étant membre de la NATO Tiger Association, reçoit différents escadrons Tigre pour un exercice international, parfois ouvert au public comme en 2008 ou en 2017.

En meeting, comme à la Ferté Alais, à Melun, ou sur des bases aériennes ; on peut voir de belles démonstrations dynamiques, un vrai régal.

On peut aussi les apercevoir lors du défilé militaire du 14 juillet ou pour l’ouverture d’un événement international comme les 24h automobile du Mans, par exemple.

Nos marins sont toujours fiers de faire des démonstrations publiques et ils savent le faire de belle manière. Merci à vous pour les émotions et les vocations que cela provoque.