NATO AIR POLICING : AU CŒUR DU DISPOSITIF

Le 1er février dernier, Airpassion était sur la base aérienne d’Ämari pour une journée de présentation des missions de l’OTAN. A l’invitation du service des relations publiques de L’OTAN, nous avons pu aller à la rencontre des équipages.

NATO Air Policing : Une mission essentielle

Depuis 1961, la police du ciel de l’OTAN fait partie intégrante de la défense aérienne et antimissile intégrée de l’OTAN (IAMD). En service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, elle donne à l’OTAN la capacité de préserver l’intégrité de l’espace aérien de l’Alliance en temps de paix.

Le Commandant suprême allié en Europe (SACEUR) a la responsabilité générale de la conduite de la mission de police du ciel de l’OTAN. L’actuel SACEUR est le général d’armée aérienne Tod D. Wolters.

Le Commandement aérien allié (AIRCOM), dont le siège est à Ramstein, en Allemagne, supervise la mission de police du ciel de l’OTAN avec un commandement et un contrôle 24h/24 et 7j/7 à partir de deux centres d’opérations aériennes combinées (CAOC). 

Le premier CAOC est situé à Torrejon, en Espagne. Il couvre l’espace aérien européen de l’OTAN au sud de Alpes. Le second est se trouve à Uedem, en Allemagne pour couvrir le nord.

Baltic Air Policing

l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont rejoint l’OTAN en 2004. Depuis cette date, les pays membres de l’OTAN qui possèdent une capacité de police du ciel assurent cette mission. Les rotations se font tous les quatre mois. Historiquement c’est sur la base aérienne de Šiauliai en Lituanie que furent déployés les premiers détachements.

En 2014, avec l’annexion de la Crimée et la montée des tensions, l’OTAN a également déployé des troupes sur la base aérienne d’Ämari en Estonie.

Les missions confiées aux forces de l’OTAN sont d’assurer bien sûr la sûreté aérienne. Cela comprend de limiter les infractions au code de l’aviation civile, de porter une assistance en vol aux appareils en détresse ou en difficulté. Elles interviennent aussi dans un cadre de mesures d’identification, de contrôle, de surveillance ou d’interception. Lorsque un appareil a un « comportement douteux », les avions décollent en urgence pour aller au-devant de l’appareil en question.

Le détachement belge en Estonie

Nous avons pu interviewer le Major Avi Pierre-Yves Libert, Commandant du détachement des F-16 belges. Le détachement est arrivé le 1er décembre dernier et se terminera en mars 2022. Il s’agit là de la onzième rotation des équipages belges. Ils seront relevés par les Mirage 2000-5 de la base 116 de Luxeuil.

Les belges ont déployé 4 F-16A accompagnés par un détachement d’une soixantaine de personnels. Si la mission dure 4 mois, les rotations des équipes sont plus rapides puisque les pilotes font des rotations tous les 15 jours. Les spécialistes restent eux 1 mois sur place tandis que le reste des équipes tourne sur un rythme de deux mois.

Le rythme de rotation des pilotes s’explique par la nature des missions en Estonie. En effet, le détachement belge est placé en QRA (Quick Reaction Alert) et effectue uniquement des missions d’interception sur alerte. En Belgique, les pilotes ont à effectuer des missions multirôles. Pour éviter que les pilotes ne perdent en compétence, une rotation rapide est nécessaire.

L’US Air Force arrive en Estonie

Jusqu’à maintenant, les détachements de l’US Air Force n’avaient opéré depuis l’Estonie. Leur dernier déploiement datait de septembre 2017 depuis la base de Šiauliai en Lituanie. C’est donc une première.

Les 6 F-15E du 4th Fighter Wing sont arrivés le 26 janvier dernier. Ils sont basés initialement sur la base de Seymour Johnson en Caroline du Nord. Le reste de l’escadron est actuellement détaché sur la base de Lakeneath en Angleterre au sein du 48th Fighter Group. Le contingent en Estonie est fort d’environ 120 personnels.

Leur déploiement devait initialement durer une semaine. Au vu de l’environnement géopolitique, la mission est prolongée sans date précise de fin.

Le Lieutenant-Colonel Taylor Gifford de l’US Air Force est le Directeur des opérations pour le 336th Fighter Squadron. C’est lui qui dirige ce détachement. Si la situation en Ukraine est dans tous les esprits, ce qui est mis en avant lors de notre échange, c’est la dimension de coopération entre les membres de l’OTAN.

Les F-15E qui interviennent sur la base d’Ämari effectuent en effet des missions air-air et air-sol. Ils conduisent en effet des missions JTAC (Joint Terminal Attack Controller) pour l’appui au sol rapproché des troupes terrestres qu’elles soit estoniennes, américaines ou britanniques.

Pour le lieutenant-colonel Taylor Gifford, le plus important c’est la capacité à travailler en relation avec les forces alliées et notamment les équipages belges dans un contexte particulier. Cela intègre aussi le détachement des 4 F-16 danois qui vient de rejoindre la base de Šiauliai en Lituanie. Les équipages américains n’ont pas encore eu l’occasion d’intervenir dans une mission de police du ciel.

Une mission toujours d’actualité

Mais la récente violation de l’espace aérien estonien le 29 janvier dernier prouve la nécessité de leur engagement. Un Su-27 de l’armée de l’air russe a pénétré ans autorisation dans l’espace aérien estonien dans la région de l’île de Vaindloo. L’avion est resté moins d’une minute dans l’espace aérien estonien. Il n’avait pas de plan de vol, le transpondeur de l’avion était éteint. L’avion n’avait pas non plus de communication radio avec le service de la circulation aérienne estonien.

C’était la première violation de la frontière aérienne estonienne en 2002. En 2021, les avions de la Fédération de Russie avaient violé cinq fois la frontière aérienne estonienne.

La Force Aérienne estonienne

La Force Aérienne estonienne naît le 21 novembre 1918 sur les ruines encore fumantes d’un monde dévasté par la première guerre mondiale. Elle se développera au cours de années avec du matériel d’importation. L’Angleterre, l’Allemagne et la France lui fourniront le principal de son équipement. Au début des années 30, l’Estonie développera une petite industrie aéronautique. Les quelques modèles, PON-1A, PON-1, PTO-4 ou PN-3 ne feront jamais l’objet de productions en série.

En 1940, avec l’invasion des forces soviétiques, les Forces Aériennes estoniennes disparaissent dans les remous de l’histoire.

Dans la foulée de l’indépendance de l’Estonie le 20 Août 1991, les Forces Aériennes estoniennes sont rétablies le 16 décembre 1991. Il faudra cependant du temps pour tout reconstruire. C’est le 13 avril 1994 que le le quartier général de commandement et de contrôle de la force aérienne est créé à Tallinn.

Aujourd’hui, les Forces Aériennes estoniennes sont implantées sur la base aérienne d’Ämari. C’est une ancienne base aérienne soviétique mais les travaux menés pour la moderniser l’ont complétement transformée. C’est donc une nouvelle base aérienne qui accueille les aéronefs.

Les Forces Aériennes estoniennes sont actuellement équipées de 2 Antonov An-2, 2 PZL M28 Skytruck pour le transport. Elles possèdent aussi 4 Robinson R44 pour l’entrainement et les patrouilles. Enfin, 3 Aero L-39 viennent compléter le tableau.

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