TOUT UN SYMBOLE : LE PATCH !

Qui, au détour d’un meeting, n’est pas déjà tombé sur un stand, souvent tenu par l’officier tradition de l’unité, qui proposait d’acheter des patchs ?
Ces ronds (mais pas que) de tissus ou de PVC font fureur auprès des collectionneurs et passionnés d’aviation. Ils permettent d’afficher sa passion et son soutien à ses unités favorites. On en trouve également très souvent des « spéciaux », dédiés à une opération ou un exercice, on en reparlera d’ailleurs plus bas avec un cas bien particulier.

Patch représentant le drapeau de l’Union


Mais vous-êtes vous déjà demandé de quand datait cette tradition ? On estime que les premiers écussons en tissu sont apparus dans les années 1800 au sein de l’armée britannique. Ils n’étaient à l’époque portés que par les gradés de haut rang et étaient brodés sur la poitrine des uniformes. La mode se déplaça assez rapidement aux USA. On sait entre autre que pendant la Guerre Civile, les armées de l’Union et des Confédérés portaient des écussons différents.

Puis, la révolution industrielle aidant et les patchs pouvant désormais être produits en plus grande série, la Première Guerre mondiale en vit apparaitre en grand nombre. C’est en 1917 qu’on découvre le premier patch militaire destiné à être porté à l’épaule : celui de la 81st Infantry Division de l’US Army.

US 531st Bomb Squadron

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les USA vont engager les studios Walt Disney afin qu’ils réalisent le design de leurs patchs. Ce sont plus de 1000 insignes qui vont être créés, intégrant pour certains les personnages bien connus de la marque.

Ces écussons furent particulièrement populaires au sein des troupes et des collectionneurs. D’un point de vue opérationel, les patchs devinrent un outil permettant d’identifier l’unité et le rôle des militaires.

10th Emergency Rescue

En France, c’est à partir de 1948 que la création des écussons et autres marques militaires se réglemente. Pour ce faire est créé, au sein du service historique des Armées, un bureau de la symbolique militaire. Ainsi, tout projet devait être approuvé par ce service et devait respecter un certain nombre de règles au niveau du symbolisme, de la cohérence, de l’esthétisme et du bon goût.
On peut noter que l’Armée de l’Air et de l’Espace a d’ailleurs toujours gardé une certaine forme d’humour dans ses patchs, quand l’Armée de Terre a surtout valorisé son histoire et une certaine tradition chevaleresque (liée notamment à l’héritage provenant des étendards et des marques seigneuriales qui étaient apposés sur les écus).

Le très exclusif patch Airpassion.fr !

Une chose à noter est en tout cas que chaque unité, chaque escadron, chaque régiment crée et fait fabriquer ses propres patchs. Pourtant, un évènement majeur de 2022 a vu naître une intiative complètement nouvelle, désormais bien connue des collectionneurs : les patchs We Believe In Ghosts.
We believe in ghosts, c’est avant tout une phrase qui fait référence au Fantôme de Kiev, un Ace ukrainien qui aurait abattu plusieurs avions russes au début de la guerre entre Ukraine et Russie. Comme vous le savez sans doute, l’OTAN, pour surveiller les frontières entre ses pays membres et la Russie, a déployé un très important dispositif de sécurité aérienne. Au sein de ce dispositif, ce sont plusieurs dizaines d’escadrons et de pays qui se sont retrouvés sous un étendard commun. Et de cette opération est née une initiative originale : réaliser un design unique au sein duquel est personnalisé l’emblême de l’unité (ainsi que les machines la composant).

Au départ portée par quelques unités américaines, ce sont désormais plus de 70 unités qui se sont regroupées au sein de cette initiative unique. Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Rainer Hentschke, sans qui ces patchs n’auraient jamais vu le jour.

Bonjour Rainer, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bien sûr : j’ai 54 ans and je vis dans le nord de l’Allemagne. Je suis passionné depuis très longtemps par l’aviation militaire. Je suis passionné par la photographie aéronautique et j’ai créé une entreprise qui design et produit des produits dérivés et des patchs pour les escadrons militaires il y a maintenant 3 ans. Je suis le fournisseur officiel pour de nombreuses unités dans le monde entier. Ce sont les patchs qui représentent aujourd’hui la part la plus importante de mon activité.

Est-ce que tu peux nous dire comment est née la série « We believe in ghosts »?

Tout a commencé avec le déploiement du 480th FS Warhawks en Roumanie. Avec Karel van Broeckhoven, qui officie en tant que snacko pour l’unité, nous avons commencé à réfléchir à un patch dédié à l’opération East Flank Defenders. L’idée était née et nous avons ainsi produit le premier patch. Celui-ci représente une carte matérialisant la frontière entre les pays de l’OTAN et la Russie, survolés par une sélection d’avions faisant partie de l’opération.

Combien d’unités font désormais partie de cette collection ?

Nous avons aujourd’hui plus de 70 unités différentes dans la série ! En terme de patchs, le nombre est supérieur car certaines variantes sont produites à la demande des équipages.

Est-ce que tu as déjà une idée du nombre d’escadrons que comptera la collection au total ?

Pas du tout ! Quand j’ai commencé le projet, je rêvais de convaincre 20 ou 25 escadrons. J’avoue que maintenant, je pense qu’on peut parvenir à une centaine. Il y a encore beaucoup d’escadrons qui pouraient se joindre à l’aventure.
Au début, je pensais que ce projet durerait un an, mais maintenant, je me rends compte que ce projet est unique dans l’histoire de l’OTAN. J’avoue que je n’ai pas envie de clore ce chapitre pour l’instant !

Copyright : Aviano Air Base. Le pilote sur la droite arbore un patch « WBIG »

Il y a une très forte communauté de passionnés et de collectionneurs derrière « We believe in ghosts », est-ce que tu imaginais un tel succès et une telle émulation ?

Je suis très fier de cette communauté, je l’aime ! Il y a vraiment un très bon état d’esprit et une volonté de continuer à développer le projet ensemble. Certains collectionneurs m’ont même mis en relation avec des escadrons et ont contribué à la création de certains patchs. J’ai eu grâce à la collection l’opportunité de rencontrer des personnes géniales, dans la vraie vie et sur le web. Cette communauté représente une part énorme du succès du projet.

Est-ce que tu as un patch favori dans la collection ?

Non, impossible d’en choisir un : derrière chacun de ces patchs il y a une histoire, je les aime tous autant !

Une partie des patchs de la série.

Merci beaucoup à Rainer Hentschke pour avoir bien voulu prendre le temps de cet échange. Le site de son entreprise : https://www.flightshirt.de

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