Aujourd’hui, notre route a croisé le chef des services techniques de la Patrouille de France (PAF). Coupons court à toutes les idées préconçues ! Si vous vient en tête l’image du sergent-chef Micklin des célèbres Têtes Brulées, vous avez tout faux !
En effet, c’est la Capitaine Sophie qui nous accueille dans son bureau, dans les hangars qui abritent la PAF. Et nous sommes à mille lieux de ces clichés.
Comme l’adjudant-chef Michel, son parcours est la preuve que l’institution militaire permet à chacun et chacune de vivre son rêve. Entrée à 16 ans à l’École d’Enseignement Technique de l’Armée de l’Air, elle y obtiendra son bac. Puis, comme beaucoup, elle intégrera l’École de Formation des sous-officiers de l’Armée de l’Air sur la BA 721 de Rochefort. Elle choisira la spécialité « avionique de bord ».
Du ravitailleur au chasseur
Sa première affectation se fera sur la BA 125 d’Istres-Le Tubé. Elle officiera 9 ans sur les ravitailleurs KC-135. En 2013 elle préparera le concours d’officier. Les deux années qui suivirent la trouveront sur les bancs de l’Ecole de l’air à Salon de Provence. C’est là que germera le rêve un peu fou de rejoindre les équipes de la PAF. Cette jeune élève-officier, spécialisation « officier mécanicien » qui regardait les avions fêter les 60 ans de la PAF est aujourd’hui au cœur du 70ème anniversaire. Entre temps, elle a officié sur Mirage 2000 à la BA 115 Orange-Caritat. Ce n’est qu’à l’été 2022 qu’elle rejoindra enfin Salon de Provence pour prendre la responsabilité des services techniques de la PAF.
Les équipes au travail
Une anecdote avant d’aller plus loin. En rejoignant le bureau de la capitaine Sophie, nous passons par les hangars. Une équipe de mécanos s’active sur le train d’atterrissage d’un Alphajet. Une légère fuite a été repérée le matin même sur un amortisseur. L’intervention est donc faite immédiatement. Cette opération prendrait normalement 30 minutes. Elle prendra aujourd’hui 2 heures. N’y voyez aucune volonté de perdre son temps. C’est tout simplement que l’équipe s’occupe de former de nouveaux arrivants. Elle prend donc le temps nécessaire à bien les former. Ainsi, le jour venu, ils seront pleinement opérationnels quelque soit la panne. Anticipation, formation, transmission, trois maitre mots au sein de la PAF.
C’est quoi le rôle du chef des services techniques de la PAF ?
L’équipe d’une quarantaine de personnes est assez autonome. Elle comprend tous les métiers nécessaires depuis les pistards, en passant les spécialistes avionique, vecteur, les armuriers (les célèbres petaf).
La fonction comporte donc plutôt une dimension RH. Elle intervient aussi sur les problèmes logistiques ou lorsque qu’il faut trancher sur des arbitrages. Cette fonction demande d’avoir une vision plus générale. Il faut être à la fois capable de coordonner la maintenance et avoir un avoir un dialogue technico-opérationnel et dans le même temps être l’interlocuteur des industriels via la Direction de la Maintenance Aéronautique (DMAé).
Mais être chef des services techniques de la PAF, c’est aussi planifier et programmer la logistique de la saison des meetings. Pendant 6 mois de l’année, l’équipe de piste va vivre au rythme des meetings et des déplacements. Durant cette période, ils seront loin de chez eux chaque week-end hormis une pause d’une semaine en été. L’équipe est choisie pour l’année vers mi-octobre. Les nouveaux entrants devront d’abord passer par l’équipe de dépannage avant de rejoindre l’équipe de piste. L’affectation à l’équipe de piste se fait pour deux ans maxi. Ils rejoindront ensuite l’équipe de dépannage. Ils pourront, s’ils le souhaitent, revenir à l’équipe de piste. Le but est de préserver la vie de famille. Même si chacun est volontaire et connaît les exigences du métier, il est bon de respecter ces équilibres. La durée de l’affectation à la PAF dure entre 4 et 10 ans.
Comment est composée l’équipe de piste ?
L’équipe de piste est composée de 10 personnes. Elle comprend toutes spécialités afin d’assurer tout type opérations lors des déplacements. Elle intègre 4 à 5 nouveaux membres chaque année. A partir de mi-octobre, l’équipe passe avec tous les pilotes, d’avion en avion, afin de créer des liens. Puis en décembre, les mécaniciens choisiront « leur » pilote. Le choix se fait par ordre d’ancienneté. Mais nous n’en saurons pas plus, la cérémonie étant classée « secret d’état ». Seule particularité, le mécanicien du charognard, devenu leader, suit son pilote.
Pour les déplacements, un chef des services techniques accompagné d’une équipe de 4 à 6 personnes s’occupe de la logistique et complète le dispositif. Pour les meetings, la PAF dispose de deux camions. Ils sont plus haut que les camions standard afin de loger plus de matériel. Compte tenu des nombreuses sollicitations, sur un même week-end, lorsqu’il y a deux meetings, un camion est envoyé sur chaque site. Il est en effet nécessaire que partout la PAF puisse s’assurer de pouvoir remédier à toutes les situations. Les mécaniciens, eux, voyagent en place arrière avec les pilotes.
Cette vie est prenante. Les équipes vont finalement passer plus de temps ensemble qu’avec leur propre famille pendant la période des meetings. A la fin de la saison, il faut un temps d’adaptation d’au moins deux semaines avant de revenir à une vie normale.
En parlant de retour à la vie normale, qu’y a-t-il après une affectation à la PAF ?
C’est une petite famille, pleine de traditions et de valeurs. Tous étaient volontaires pour venir. C’est un privilège que d’être là. Mais cela passe très vite. On le rappelle régulièrement aux équipes. Car il faut se préparer au retour en unité.
Pour le capitaine Sophie, la prochaine étape, ce sera logiquement chef des équipes techniques de la PAF et de l’EVAAE. Puis un nouveau challenge se présentera. Ce pourra être sur Rafale, surtout avec la perspective de son arrivé sur la BA 115 D’Orange-Caritat et la création d’une nouvelle unité. Sinon, ce pourra être en état-major où l’expérience opérationnelle serait un atout. Ce serait aussi l’occasion d’élargir son parcours avec une vision plus globale.
Je voudrais remercier très chaleureusement la capitaine Sophie pour le temps qu’elle a bien voulu nous consacrer. Ce fut un moment enrichissant et passionnant. Un grand merci !!
Post scriptum
Nous allons partager avec vous un secret… Si vous vous êtes déjà demandé comment les mécaniciens faisaient pour que les avions brillent autant, voici la recette. Mélangez une bonne dose d’huile de coude et une solution concentrée de liquide vaisselle. Et votre avion brillera de mille feux. Petite précision, le parfum du liquide vaisselle ou la marque n’ont pas d’incidence sur le résultat final. Et, selon certains, cela fonctionnerait aussi sur les voitures 😉
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